Résumé :
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Ils sont trois à parler à tour de rôle, trois marginaux en bord de monde. Il y a d’abord Giacomo, vieux clown blanc, dresseur de caniches rusés et compositeur de symphonies parfumées. Il court, aussi vite qu’il le peut, sur ses jambes usées pour échapper à son grand diable noir, le Sort, fauteur de troubles, de morts et de mélancolie. Il y a la femme grise sans nom, de celles qu’on ne remarque jamais, remisée dans son appartement vide. Elle parle en ligne et en carrés, et récite des tables de multiplications en comptant les fissures au plafond pour éloigner l’angoisse. Et puis il y a le môme, l’enfant sauvage qui s’élève seul, sur un coin de terrain vague abandonné aux ordures. Le môme lutte et survit. Il reste debout. Il apprendra les couleurs et la peinture avant les mots, pour dire ce qu’il voit du monde. Seuls, ces trois-là n’avancent plus. Ils tournent en rond dans leur souffrance, clos à eux-mêmes. Comment vivre ? En poussant les parois de notre cachot, en créant, en peignant, en écrivant, en élargissant chaque jour notre chemin intérieur, en le semant d’odeurs, de formes, de mots. Et, finalement, en acceptant la rencontre nécessaire avec l’autre, celui qui est de ma famille, celui qui, embarqué avec moi sur l’esquif ballotté par les vents, est mon frère. On ne cueille pas les coquelicots, si on veut les garder vivants. On les regarde frémir avec ces vents, dispenser leur rouge de velours, s’ouvrir et se fermer comme des cœurs de soie. Giacomo, la femme grise, le môme, que d’autres ont voulu arracher à eux-mêmes, trouveront chacun dans les deux autres la terre riche, solide et lumineuse, qui leur donnera la force de continuer. L’auteure : « Je suis née en 1979 à Paris. J’ai toujours écrit, depuis petite, des histoires, des poèmes, des contes. Le passage dans les classes littéraires d’un lycée parisien élitiste m’a fait perdre tout goût d’écrire. Je me suis orientée vers des études de psychologie clinique et psychopathologie (DESS). Pendant mes stages en hôpital psychiatrique j’ai imaginé mettre en place des ateliers d’écriture pour valoriser la créativité tout en permettant la décharge par l’écrit du trop-plein de souffrance. Je me suis inscrite d’abord à des ateliers d’écriture, puis des formations à l’animation, et me suis remise à écrire. J’ai alors écrit des contes, nouvelles, poèmes, puis mon premier roman, en 2006. Ensuite j’ai repris mes études et passé un DEA de littérature.Depuis mes vingt ans j’ai exercé toutes sortes de travaux alimentaires : employée en restauration rapide, serveuse, agent hospitalier, secrétaire, distributrice de prospectus, chargée d’assistance-rapatriement, secrétaire... Mon travail alimentaire compte peu, il me sert à subsister et doit surtout me laisser du temps pour écrire. Aujourd’hui, j’effectue de temps en temps des missions de psychologue en entreprise. J’anime des ateliers d’écriture, notamment dans une association de femmes atteintes de cancer. Je travaille sur un projet d’ateliers d’écriture sur la souffrance au travail, que j’ai longuement côtoyée lors de mes petits boulots (violence de la productivité, absence de reconnaissance, bureaux en open space, harcèlement moral, troubles physiques et psychiques). Je veille par-dessus tout à garder du temps et de l’énergie pour écrire. J’ai deux romans en projet, l’un justement portant sur la souffrance au travail et l’autre racontant l’autobiographie d’un homme souffrant d’une absence totale de présence au monde. »
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