Résumé :
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Définissant l'innocence comme une maladie de l'individu qui consiste à vouloir échapper aux conséquences de ses actes, de jouir des bénéfices de la liberté sans en subir les inconvénients, Bruckner dénonce ici les deux grandes tentations auxquelles l'humanité post-moderne aurait succombé : l'infantilisme et la victimisation. L'homme des temps modernes se voulait autonome, conquérant et responsable. L'infantilisme désormais menace, chacun souhaitant bénéficier à l'âge adulte des privilèges de l'enfance et jouir de la sécurité sans être soumis à la moindre obligation. Les progrès de la victimisation se manifestent par la multiplication des martyrs auto-proclamés. Or, la dignité humaine procède plutôt de la volonté de résister et se défigure dans la plainte. Surtout, la victimisation à outrance induit l'imposture. Dès lors, "comment venir en aide aux opprimés sans céder à la confiscation de la parole victimaire par les imposteurs de toutes sortes ?" Un essai résolument mal pensant, revigorant en ces temps consensuels. --Paul Klein
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